W&Cie
12 min readMay 25, 2020

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District 52, Le 23 mai 2030,

Cher Denis,

J’espère que cette lettre arrivera jusqu’à toi.

Te souviens-tu seulement de mon existence ? Je ne sais pas ce que tu as su de ma disparition. Dix ans ont passé et j’ai hésité des mois et des mois avant de t’écrire. À quoi bon, à vrai dire. Rien ne pouvait filtrer du district. Ni dans un sens, ni dans l’autre.

Puis, dernièrement, j’ai relu quelques lettres soigneusement conservées au fond d’un tiroir. Elles dataient du printemps 2020. Nous avions tant mis en commun avec l’équipe pour préparer le jour d’après. Après l’épisode du covid-19. Je pense souvent à ces gens formidables avec qui nous partagions nos doutes, nos réflexions, nos ambitions, à Johanne, Anaïs, Émeline, Martin, Grégoire, Carol, Frédérique, Rémi, Christine qui avaient largement participé. Tant de questions restaient ouvertes et, relisant l’une des dernières lettres, que tu m’avais envoyée de Normandie, reprenant celles d’Estelle ou de Valentin que j’avais également précieusement conservées, je m’aperçois aujourd’hui à quel point elles étaient justes. Je me souviens de Charlotte et de son bel optimisme, de son impatience à nous retrouver pour faire agence, pour accompagner nos clients dans des démarches plus frugales, plus attentives, plus mesurées, avec créativité. Nous tentions de faire notre part dans un monde plus aimable, moins marketté. Tu invitais à mettre, vite, vite, un terme à la dictature de l’urgence, à une redéfinition du rôle des entreprises que nous servions. Tu avais inventé un joli mot pour décrire cette nouvelle attitude : le Contributing®. Nous rêvions de mieux faire notre métier, de redorer le blason d’une publicité utile, respectueuse des publics et de leurs attentes, de donner toute sa place au design, de la valeur au temps long, de remplir notre vie pleinement, personnelle et professionnelle, en réconciliant sens et business.

À la fin de ce printemps-là, il n’y avait toujours pas de traitement définitif contre la maladie, mais les prises en charge des patients furent de plus en plus efficaces. D’abord quelques plages, puis des restaurants, des cafés aux terrasses improbables espacées à même la chaussée rouvrirent. Je crois même me souvenir qu’il y eut un second tour d’élections… Tout cela est si loin… Le virus reculait de semaines en semaines durant l’été. Puis les cas devinrent très rares, jusqu’à ce jour de mi-août où plus aucun nouveau patient ne fut diagnostiqué. Il y eut partout en France de timides mais réels feux d’artifice, ceux de juillet ayant été annulés.

Nous sommes alors lentement sortis de notre torpeur. La vie d’avant reprenait le dessus. À la rentrée, le monde s’est doucement réveillé. Il fallait relancer la machine pour atténuer les effets très violents d’une crise économique annoncée. Les usines ont remis en marche les unités de production et, en novembre, nous abandonnions enfin nos living-zoom* et le rite épuisant des visios pour retrouver Boulogne. Les discours de l’OMS étaient rassurants, le pire était derrière nous. En Europe, la pandémie était enfin jugulée. Quelle belle fête nous fîmes sur la terrasse ! Le temps était exceptionnellement doux. Nous avions invité des clients et nous nous engagions ensemble dans la construction d’une communication renouvelée, riche de sens, où chacun pourrait trouver sa place. Nous étions un peu gauches, hésitant d’abord à nous toucher, pour finalement tous nous embrasser.

Les aéroports rouvrirent leurs terminaux et les frontières leurs barrières. On vit à nouveau des traînées blanches dans le sillage des avions zébrer le ciel d’automne. Les rues retrouvèrent le goût d’autrefois et leurs humeurs sonores. Nous retournions au stade, au théâtre, en forêt. Après ces mois si sombres, si distants, nous nous retrouvions enfin et nous laissions sa chance à la confiance.

Bien sûr, tu n’as pas oublié le mois de décembre qui suivit. D’abord une alerte à Chicago. Le froid et la neige s’étaient installés dans la ville depuis quelques semaines lorsque plusieurs cas de grippes sévères et de pneumopathies se déclarèrent. Lori Lightfoot, la maire de la ville, manifesta son inquiétude. Mais elle avait le défaut d’être une femme démocrate, noire et homosexuelle. Beaucoup trop pour Donald Trump, leader mondial du confusionnisme**, qui, en matamore expérimenté, expert en virologie, fit une conférence de presse pour dénoncer avec sa morgue habituelle les fake news des démocrates et leur haine de l’Amérique des vainqueurs. Il dénonça les journalistes inquiets, puis, rapprochant son pouce de son index, il poursuivit ses attaques en comparant leur courage supposé à la taille de leur sexe. Ce geste devint un mème qui traversa la planète.

Comme le virus.

Très vite, New York et Shanghai furent touchés et, dans les 15 jours qui suivirent, l’ensemble des capitales occidentales. Dont Paris. Puis il y eut les premières victimes. La maladie frappait fort et large. Des vieux, des moins vieux, des femmes cette fois-ci et, pis encore, des enfants… Il fallut dépasser le temps de la sidération pour comprendre ce qui se passait. C’est le laboratoire Pasteur qui isola la nouvelle souche. Un mutant. Un autre coronavirus, très virulent, très contagieux et résistant à l’air libre. Le covid-20.

Cette réplique terrible eut les conséquences que tu sais.

Cela commença par ce reconfinement strict et par un nouvel arrêt des industries, du commerce, une paralysie quasi générale des transports et des activités collectives. Même les services vitaux furent impactés. Il y eut des coupures d’eau, des coupures de courant et des difficultés d’approvisionnement durant la période de rationnement qui nous ramenait 80 ans en arrière. En France, comme dans de nombreux pays d’Europe, c’est l’armée qui assura les missions d’intérêt général.

Malgré des fonds et des mesures exceptionnels mis à disposition des chercheurs, malgré les protections déployées autour des laboratoires où s’étaient enfermés les plus grands chercheurs de la planète, aucun traitement ne semblait faire effet. Aucun vaccin non plus, pas plus que pour le covid-19. La contagion galopante, en plein hiver, s’étendait dans toutes les zones urbanisées. Les masques et le gel ne suffisaient plus et l’on en vint très vite à imposer des combinaisons de protection totale pour les soignants et des scaphandres BAT dans les zones les plus contaminées.

Seule éclaircie dans ce chaos, l’immunité acquise après guérison et sa transmission in utero. La génération future serait hors de danger. Quelques pays, rassemblés dans une alliance sanitaire d’exception, suscitant la colère du reste de la communauté internationale, l’avaient vérifiée sur leurs populations carcérales contre remise de peine.

Tu te souviens du 7 janvier 21 : le cap du million de morts était franchi. Trois fois plus en trois fois moins de temps que pour le covid-19. Les projections les moins pessimistes établissaient un bilan allant de sept à trente-cinq millions de victimes pour l’année en cours. Les moins pessimistes…

Les années 20 seraient bien des années folles. Aucun système de santé au monde ne put faire face.

Et le monde devint fou.

Nous étions ensemble en visio, fenêtres et portes closes, isolés dans nos appartements. Lorsque le 21 février 21, l’OMS convoqua la presse internationale dans une télétransmission mondiale. L’allocution du directeur général de l’institution était diffusée en direct sur l’ensemble des chaînes d’info. L’homme était livide. À ses côtés, António Gutterres, le secrétaire général de l’ONU, affichait un regard perdu. La déclaration, énoncée d’une voix blanche, enjoignait chaque pays de prendre des mesures radicales afin « d’accélérer l’immunité collective en levant les confinements. Il s’agit d’éviter l’écroulement total de l’économie, seule voie possible dans les années qui viennent pour contenir les effets dévastateurs et collatéraux de cette pandémie sans précédent. Il en va de la survie de l’espèce humaine. La paupérisation, les famines, les chocs sanitaires associés sont des menaces qui pèsent sur le monde entier et entraîneront inexorablement des guerres aux conséquences irréversibles. Il faudra des années pour trouver un traitement efficace, si nous y parvenons. D’ici là, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour faire face à cette terrible maladie ». Il poursuivit en déclarant qu’il revenait à chaque pays de prendre les mesures complémentaires adaptées à cette décision. Il salua, les yeux embués de larmes, et tourna les talons.

Dans les jours et les semaines qui suivirent, une chape de plomb s’abattit sur les exécutifs, tétanisés par l’ampleur du drame. Très vite, les plus folles rumeurs se répandirent. Les gouvernements préféreraient sacrifier 5 à 10 % de leur population plutôt que de mettre en danger des centaines de millions de personnes. La psychose s’installa dans la population.

Des sources bien informées affirmaient que le virus serait collectivement inoculé afin d’éprouver les résistances individuelles. Il fut officiellement, en Europe et ailleurs, question de « prophylaxie préventive » ou de « vaccination naturelle ». La propagande faisait semblant, mais, en réalité, entre la peste et le choléra, il n’était plus temps de choisir. Resteraient en vie celles et ceux qui développeraient leurs propres anticorps. Que l’on ait pitié des autres. Les États et la communauté humaine, face à un tel dilemme, auraient ainsi à payer un tribut sacrificiel pour venir à bout de cette maladie.

Partout dans le monde, sous l’égide des Nations unies, des gouvernements provisoires d’union nationale s’installèrent dans des lieux tenus secrets.

La communication fut verrouillée, n’autorisant que les injonctions officielles,

en attendant l’hypothétique vaccin qui nous était annoncé régulièrement.

À la sidération succéda la panique ou la résignation.

Il faudra attendre encore des décennies pour comprendre ce qui s’est réellement passé durant les années qui suivirent. Le confinement fut levé au premier jour du printemps. Des silhouettes masquées, cadenassées sur elles-mêmes, déambulaient dans les rues dans un silence que déchirait parfois un cri de révolte ou de désespoir. Nous étions piégés et nous devions sortir, nous déplacer, travailler quoi qu’il en coûte… Nous parlions peu entre nous. Nous réglions les affaires courantes et la défiance s’était imposée comme une nouvelle norme sociale.

Nous fûmes tous témoins de ces scènes dantesques où des hommes en combinaison orange siglée du symbole de l’ONU sillonnaient les villes et les campagnes armés d’énormes nébulisateurs, encadrés par des commandos en arme assurant leur sécurité. Ils laissaient sur leur passage un nuage orange qui flottait dans l’air plusieurs heures et marquaient d’une ombre grasse les bâtiments, les cages d’escalier, les ascenseurs, les places publiques, les parkings. Partout. Le quadrillage répondait à une logique d’encerclement à laquelle personne ne semblait pouvoir échapper. Quelques vidéos circulèrent, paraît-il, sur les réseaux sociaux où des témoins affirmaient que ceux qui tentaient de s’interposer à la « désinfection » étaient abattus sur-le-champ. Qui pouvait croire à cette fable…

Autour de moi, cinq proches décédèrent dans les six premiers mois de 2021. Les corps furent inhumés sans témoin.

À proximité des usines d’incinération, dans toute la France, le voisinage se plaignait d’une puissante odeur inhabituelle et persistante. Plusieurs vidéos, captées par des drones, circulant via Telegram, montraient des clairières fraîchement déboisées ou avaient été creusés de profonds cratères, plongeant à ciel ouvert dans le ventre de la terre. On y déversait de grands sacs noirs qui, en brûlant, dégageaient une fumée épaisse. Il n’y avait plus de bilan officiel. Mais les opérateurs téléphoniques firent état en Europe de plusieurs dizaines de millions d’interruptions d’abonnements.

Aux États-Unis, Freddie May et d’autres grands acteurs de l’immobilier et de la finance, avec l’appui du Sénat, développèrent en quelques semaines des « sanitary bubble » échappant aux mesures prophylactiques. Il y eut, à la tribune, des discours enflammés qui invoquaient la liberté individuelle et renvoyaient dos à dos responsabilités collectives et libre arbitre des citoyens. Après deux mois de débats, où l’on vit pleurer de rage quelques représentants, une loi d’exception fut adoptée, autorisant ces principautés privées, autonomes en droit et le commerce sous contrôle avec elles.

De grands ensembles urbains de résidences secondaires, des clusters touristiques, certains quartiers furent ainsi sanctuarisés et isolés du monde. Après une quarantaine et en fonction du patrimoine disponible, les candidats étaient autorisés à s’y installer. Les plus fortunés disposaient de villas confortables et d’autres d’appartements de vacances ou de bungalows, généralement en bord de mer, à l’écart du chaos et distants des souffrances du monde. Des convois assuraient les livraisons jusqu’aux entrées sécurisées du no man’s land qui les encerclait. Toutes communications avec l’extérieur étaient coupées. Des milices armées, protégées par leurs combinaisons antibactériennes, patrouillaient jour et nuit et interdisaient l’approche de ces bunkers privés.
De ce côté de l’Atlantique, nous assistions, médusés, aux scènes d’exode filmées par les quelques journalistes encore autorisés. Des colonnes de véhicules et de pick-up chargés à la hâte qui stationnaient le long des routes, espérant en vain pénétrer dans ces territoires, furent des semaines durant violemment repoussées par l’armée. Il n’y avait, selon le consortium propriétaire des lieux, plus de place pour les migrants sanitaires alors qu’un ballet d’hélicoptères privés acheminait, au-delà des lointains barbelés, la jet-set du pays.

L’information filtrait peu, mais il se disait, malgré les démentis formels des autorités, que quelques bulles sanitaires avaient également vu le jour en France. Elles étaient passées sous silence. On prétendait que le pouvoir y installait famille et proches. Le black-out sur cette situation était total, mais les rumeurs insistantes. C’était une évidence : le pouvoir et l’argent cherchaient refuge dans ces arches secrètes. Des voix s’élevaient pour dénoncer l’injustice sociale et le cynisme des puissants, très vite ensevelies sous les cris et les pleurs pour un ami de plus qui s’était éteint et par l’énergie dépensée à sa propre survie.

On rapportait que l’accès à des zones périurbaines où s’alignaient des centaines de pavillons, des terrains de camping, quelques villes fortifiées sous la pression des habitants, était fermé. Officiellement pour des raisons sanitaires impérieuses… Ces « No Zone » disparurent des cartes officielles et devinrent inaccessibles.

Quelques réseaux se formèrent alors pour permettre à ceux qui le désiraient et en avaient les moyens de fuir en zone libre dans ce qu’entre nous, nous appelons les Districts. En vélo, à travers les forêts désertes, nous partîmes une nuit, avec quelques voisins, rejoindre le N° 52 pour y disparaître et nous y barricader. Je n’ai pas eu le courage de t’avertir. C’est ici que je vis depuis huit ans. D’ici d’où je t’écris, exilé, banni, hors des réseaux et hors du monde.

Depuis peu, les liaisons ont été rétablies avec l’extérieur. Retournement ironique de la situation… Je sais que, hors nos murs, le virus a terminé son travail morbide. Il sommeille, tapi dans le vivant, confiné à son tour dans d’autres organismes, mais n’a plus d’Homme libre à corrompre, plus de mort à semer. L’immunité est enfin totale et la vie a repris le dessus. La nature n’a jamais été aussi belle et les gens, une fois leurs peines perdues, semblent heureux. Le pari de l’OMS, aussi cruel fut-il, a été gagné. Il fallait une menace pour changer… Nous ne fûmes pas déçus… Mais cette fois-ci, pour vous, la guerre est finie. Vos existences prennent un cours nouveau, apaisé, et malgré ces séismes et ses douleurs innombrables, vous qui avez survécu, vous avez appris et revu vos priorités.

Vous avez privilégié ce que Jacques Attali appelait autrefois, en 2020, une « économie de la vie »***. Il a enfin été entendu…

De votre survie en milieu hostile, vous avez dessiné un projet de société, plus harmonieux, plus frugal, moins frénétique, moins centralisé. Vous avez l’air très heureux. Vous êtes entrés dans une ère du « mieux » que nous étions nombreux, en 2020, à appeler de nos vœux. Vous avez réinventé vos paysages, vos rythmes, vos villes et vos vies ont changé.

Sans nostalgie. Elle n’est pas un moteur de l’histoire.

Et non, ce n’était pas mieux avant.

D’où je te parle, j’en suis sûr. Ici, nos corps sont confinés et nos esprits calcifiés. Nous sommes, depuis toutes ces années, enfermés dans nos certitudes et condamnés à y demeurer. Une poussière d’ennui a tout recouvert. Il nous reste à nous y ensevelir, à nous éteindre sous cloche, à petit feu, ou à quitter le District comme des rats quitteraient le navire au risque d’avoir à vous regarder en face, au risque de réveiller le virus…

Quelle tragique alternative.

Mon cher Denis, voici mon adresse :

District 52, Langres, Haute-Marne.

Le courrier y parvient à nouveau. Après désinfection.

Les murailles de la ville sont épaisses. Le berceau de Diderot et des Lumières s’est transformé en linceul de la vie d’avant.

Profite pleinement de la tienne.

On ne vit qu’une fois.

À nos mille souvenirs,

Gilles

PS : Comme nous en convenons souvent entre nous, face à de tels enjeux, face à de telles complexités, il faut écouter le bel enseignement de Flaubert dans une correspondance à Mademoiselle Leroyer de Chantepie : Aucun grand génie n’a conclu et aucun grand livre ne conclut, parce que l’humanité elle-même est toujours en marche et qu’elle ne conclut pas […] La vie est un éternel problème et l’histoire aussi […] Ainsi chercher la meilleure des religions, ou le meilleur des gouvernements, me semble une folie niaise. Le meilleur pour moi, c’est celui qui agonise, parce qu’il va faire place à un autre.

Pour ce qui est du génie et des grands livres, nous sommes tranquilles et loin du compte. C’est dire si nous nous trouvons loin de la conclusion…

Mais on peut aussi prévoir le pire en faisant tout pour qu’il n’ait pas lieu. C’est en voyant quelques Américains s’armer comme jamais pendant le confinement et des chiens-robots sillonnant Singapour pour en surveiller les habitants, si proches des dystopies de Black Mirror, qu’il m’est venu l’envie d’écrire cette nouvelle.

En attendant le monde qui viendra, pour en être et le dessiner ensemble avec optimisme et confiance. À bientôt IHL (In Happy Life) !

* Living-zoom : n.m. — 2020 Salle à manger de la conférence en ligne

** Confusionnisme : n.m. — 2020 Doctrine philosophique privilégiant la désinformation

Ces deux néologismes sont empruntés à l’excellent et drôlissime Dicorona d’Olivier Auroy. À retrouver sur Instagram avant une publication que j’attends avec impatience.

*** https://www.jacquesattali.tv/FR/video/gratuit-les-grandes-conferences-de-jacques-attali/comment-mettre-en-oeuvre-une-economie-au-service-du-bien-commun-le-jour-d-apres/1:34:784625?clickOrigin=similar_playlist

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